Essai sur l'ambivalence

Il ne faut pas confondre l’ambivalence avec les contradictions, l’ambiguïté et l’incohérence qui, par définition, n’excluent pas, mais au contraire admettent et exigent, des stratégies rétablissant l’ordre et la cohérence. L’ambivalence n’est pas non plus le dilemme, le doute qui peut accompagner un choix difficile. L’ambivalence se produit lorsqu’il est impossible à l’acteur de choisir entre deux parcours d’action et deux horizons de valeurs opposés entre eux et en même temps dépendant l’un de l’autre, car tous les deux résultent indispensables à l’intégrité de l’individu ou en constituent nécessairement le contexte même de l’action. À l’intérieur de cette opposition faire un choix univoque – toujours en en ayant la possibilité – nuit à l’acteur car il serait privé de quelque chose qui pour lui est vital et l’équilibre même du contexte à l’intérieur duquel s’effectue ce choix se trouverait compromis. Après avoir retracé les origines théoriques de l’ambivalence en sociologie et avoir decliné le concept à l’intérieur de la théorie de l’action, l’auteur montre, par les résultats de quelques recherches empiriques, comment ce concept est utile pour la compréhension de quelques-uns parmi les phénomènes sociaux de grande actualité.