La mort de Norodom Sihanouk à Pékin le 15 octobre 2012, à l'âge de 89 ans, marque la disparition du dernier des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle qui, avec Senghor, Bourguiba et Diallo, avaient contribué à créer en 1970 une agence de coopération pour les peuples qui ont, selon la formule consacrée, « le français en partage ». Sihanouk, chef d’Etat mais aussi poète et artiste, amoureux ardent de la langue française, était de ceux-là. Le roi-père du Cambodge était aussi le dernier des principaux chefs d’Etat ayant participé à la conférence de Bandung en 1955, au cours de laquelle le souverain affirmait la neutralité du royaume dont il venait d’obtenir l’indépendance totale (1953), contribuant ainsi à constituer le mouvement des non-alignés dans le contexte de la guerre froide. Dans la tourmente des conflits affectant le Viet Nam voisin, Sihanouk cherche alors l’équilibre et ses choix difficiles pour un pays soumis aux pressions des grandes puissances constituent autant d’engagements politiques qui ont marqué l’histoire mondiale du vingtième siècle, bien au-delà des frontières de l’Asie du Sud-Est. Jean-Claude Pomonti résumait dans Le Monde, au moment de sa disparition, les fondamentaux qui ont guidé tout au long de sa vie les prises de position du souverain : « une francophilie qui ne se démentira jamais ; une "reconnaissance éternelle" à l'égard de la Chine, son hôte intéressé des moments difficiles; la conscience que le Cambodge doit, en dernier recours, cohabiter avec le Viet Nam, encombrant voisin; et le rejet de sa destitution en 1970, à ses yeux le pire des crimes de lèse-majesté ». Il convient toutefois de rappeler pour ceux qui l’ignoreraient les principaux événements qui ont jalonné le parcours d’une figure politique de premier plan, d’un chef d’Etat protagoniste ou témoin d’événements tragiques qui se sont succédé sur un même sol, avec pour terrible point d’orgue le génocide organisé par le régime du Kampuchea démocratique.

Cambodge

WAUTHION, MICHEL FLORENT GEORGES
2013-01-01

Abstract

La mort de Norodom Sihanouk à Pékin le 15 octobre 2012, à l'âge de 89 ans, marque la disparition du dernier des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle qui, avec Senghor, Bourguiba et Diallo, avaient contribué à créer en 1970 une agence de coopération pour les peuples qui ont, selon la formule consacrée, « le français en partage ». Sihanouk, chef d’Etat mais aussi poète et artiste, amoureux ardent de la langue française, était de ceux-là. Le roi-père du Cambodge était aussi le dernier des principaux chefs d’Etat ayant participé à la conférence de Bandung en 1955, au cours de laquelle le souverain affirmait la neutralité du royaume dont il venait d’obtenir l’indépendance totale (1953), contribuant ainsi à constituer le mouvement des non-alignés dans le contexte de la guerre froide. Dans la tourmente des conflits affectant le Viet Nam voisin, Sihanouk cherche alors l’équilibre et ses choix difficiles pour un pays soumis aux pressions des grandes puissances constituent autant d’engagements politiques qui ont marqué l’histoire mondiale du vingtième siècle, bien au-delà des frontières de l’Asie du Sud-Est. Jean-Claude Pomonti résumait dans Le Monde, au moment de sa disparition, les fondamentaux qui ont guidé tout au long de sa vie les prises de position du souverain : « une francophilie qui ne se démentira jamais ; une "reconnaissance éternelle" à l'égard de la Chine, son hôte intéressé des moments difficiles; la conscience que le Cambodge doit, en dernier recours, cohabiter avec le Viet Nam, encombrant voisin; et le rejet de sa destitution en 1970, à ses yeux le pire des crimes de lèse-majesté ». Il convient toutefois de rappeler pour ceux qui l’ignoreraient les principaux événements qui ont jalonné le parcours d’une figure politique de premier plan, d’un chef d’Etat protagoniste ou témoin d’événements tragiques qui se sont succédé sur un même sol, avec pour terrible point d’orgue le génocide organisé par le régime du Kampuchea démocratique.
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