Thomas d’Aquin souligne avec force, au cours de sa production, le caractère purement passif de la matière et sa totale subordination à la forme. Cependant, pour Thomas, la matière joue un rôle fondamental dans la définition de l’identité et l’individuation des composés. Pour la même raison, Thomas ne s’aligne pas sur la tradition théologique qui, à partir de Pierre Lombard, excluait que la matière assimilée par l’alimentation fasse partie de ce noyau corporel qui appartient dès la naissance à tout être humain. Pour Thomas, en revanche, l’humidité apportée par la nourriture est indissociable de l’humidité (radicale) propre à chaque individu dès sa naissance ; en tant que telle, elle fait donc partie de la « vérité de la nature humaine » qui sera rétablie au moment de la résurrection de la chair. Certes, Thomas ne va pas jusqu’à affirmer que « l’homme est ce qu’il mange », mais il admet sans trop d’hésitation que la matière de la nourriture est en puissance identique à celui qui s’en nourrit et que réciproquement notre corps est constamment modifié par ce dont il se nourrit.
Sommes-nous ce que nous mangeons? Matière, identité corporelle et vérité de la nature humaine selon Thomas d’Aquin
Gabriella Zuccolin
2020-01-01
Abstract
Thomas d’Aquin souligne avec force, au cours de sa production, le caractère purement passif de la matière et sa totale subordination à la forme. Cependant, pour Thomas, la matière joue un rôle fondamental dans la définition de l’identité et l’individuation des composés. Pour la même raison, Thomas ne s’aligne pas sur la tradition théologique qui, à partir de Pierre Lombard, excluait que la matière assimilée par l’alimentation fasse partie de ce noyau corporel qui appartient dès la naissance à tout être humain. Pour Thomas, en revanche, l’humidité apportée par la nourriture est indissociable de l’humidité (radicale) propre à chaque individu dès sa naissance ; en tant que telle, elle fait donc partie de la « vérité de la nature humaine » qui sera rétablie au moment de la résurrection de la chair. Certes, Thomas ne va pas jusqu’à affirmer que « l’homme est ce qu’il mange », mais il admet sans trop d’hésitation que la matière de la nourriture est en puissance identique à celui qui s’en nourrit et que réciproquement notre corps est constamment modifié par ce dont il se nourrit.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.