La figure de Vittorio Alfieri (1749-1803) est associée depuis longtemps à celle de l’écrivain misogallico, père de la gallophobie italienne au XIXe siècle. On aurait cependant le plus grand mal à retrouver dans le Misogallo toutes les intentions qu’on lui prêta. Alors qu’Alfieri revendiqua jusqu’à la mort ses thèses politiques les plus radicales, les jugements atrabilaires à l’encontre de la France révolutionnaire qui se rencontrent à chaque page du Misogallo servirent la cause antidémocratique de tous ceux qui souhaitaient refuser à la révolution le statut d’événement fondateur de la modernité politique. Notre contribution s’efforce de démontrer que la déception exprimée devant la direction prise par les événements révolutionnaires ne suppose aucunement l’adhésion d’Alfieri aux raisons de la Réaction. S’il fut tenu pour le père de la gallophobie au XIXe siècle, ce fut en large partie parce que le Misogallo offrit à la vaste production antifrançaise issue de la propagande légitimiste et catholique une caution littéraire et une résonance sans lesquelles elle aurait été bientôt reléguée parmi les curiosités de l’histoire. En réalité, loin d’avoir renoncé à ses assertions les plus radicales, qui portaient davantage sur les moyens d’abattre la tyrannie que sur les principes mêmes qui auraient nourri ce républicanisme moderne, le Misogallo montrait qu’Alfieri était resté fidèle toute sa vie à une vision libérale de la société politique et à une solution constitutionnelle qui s’inspirait du modèle anglo-saxon.
Vittorio Alfieri et l'invention du Misogallismo
Del Vento, Christian
2012-01-01
Abstract
La figure de Vittorio Alfieri (1749-1803) est associée depuis longtemps à celle de l’écrivain misogallico, père de la gallophobie italienne au XIXe siècle. On aurait cependant le plus grand mal à retrouver dans le Misogallo toutes les intentions qu’on lui prêta. Alors qu’Alfieri revendiqua jusqu’à la mort ses thèses politiques les plus radicales, les jugements atrabilaires à l’encontre de la France révolutionnaire qui se rencontrent à chaque page du Misogallo servirent la cause antidémocratique de tous ceux qui souhaitaient refuser à la révolution le statut d’événement fondateur de la modernité politique. Notre contribution s’efforce de démontrer que la déception exprimée devant la direction prise par les événements révolutionnaires ne suppose aucunement l’adhésion d’Alfieri aux raisons de la Réaction. S’il fut tenu pour le père de la gallophobie au XIXe siècle, ce fut en large partie parce que le Misogallo offrit à la vaste production antifrançaise issue de la propagande légitimiste et catholique une caution littéraire et une résonance sans lesquelles elle aurait été bientôt reléguée parmi les curiosités de l’histoire. En réalité, loin d’avoir renoncé à ses assertions les plus radicales, qui portaient davantage sur les moyens d’abattre la tyrannie que sur les principes mêmes qui auraient nourri ce républicanisme moderne, le Misogallo montrait qu’Alfieri était resté fidèle toute sa vie à une vision libérale de la société politique et à une solution constitutionnelle qui s’inspirait du modèle anglo-saxon.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.