La figure de Vittorio Alfieri est associée depuis longtemps à celle de l’écrivain « gallophobe ». Pour comprendre la position qui culmina dans le Misogallo (1799), le texte réexamine sa jeunesse à partir d’un certain nombre d’éléments (ses origines, sa formation, sa carrière, ses longs voyages à travers l’Europe, sa décision d’abandonner le Piémont et de renoncer à ses bien féodaux). La décision de devenir un écrivain de langue italienne apparaît non pas comme une anticipation de sa « gallophobie » mais comme l’expression la plus aiguë de son refus du Piémont et de son régime despotique. Mais comment passe-t-on des pages du traité De la tyrannie (1777-1790), où Alfieri fait presque l’apologie de la violence révolutionnaire, à celles du Misogallo ? La France incarne, pour Alfieri, le symbole vivant de la faillite d’un songe – la concrétisation des principes de liberté et de démocratie proclamés dans le traité De la tyrannie – et les jugements cinglants du Misogallo semblent chercher désespérément dans le génie de la nation française la justification de cette faillite. Le refus de la Révolution française qui constitue le fil unitaire de l’ouvrage n’implique pas forcément le refus de son libertarisme. Pour Alfieri, le meilleur modèle politique demeurait la république, un régime constitutionnel fondé sur les libertés civiques et la défense de la propriété et inspiré de la monarchie anglaise.

Alfieri, un homme de lettres entre réformes et Révolution

Del Vento, Christian
2009-01-01

Abstract

La figure de Vittorio Alfieri est associée depuis longtemps à celle de l’écrivain « gallophobe ». Pour comprendre la position qui culmina dans le Misogallo (1799), le texte réexamine sa jeunesse à partir d’un certain nombre d’éléments (ses origines, sa formation, sa carrière, ses longs voyages à travers l’Europe, sa décision d’abandonner le Piémont et de renoncer à ses bien féodaux). La décision de devenir un écrivain de langue italienne apparaît non pas comme une anticipation de sa « gallophobie » mais comme l’expression la plus aiguë de son refus du Piémont et de son régime despotique. Mais comment passe-t-on des pages du traité De la tyrannie (1777-1790), où Alfieri fait presque l’apologie de la violence révolutionnaire, à celles du Misogallo ? La France incarne, pour Alfieri, le symbole vivant de la faillite d’un songe – la concrétisation des principes de liberté et de démocratie proclamés dans le traité De la tyrannie – et les jugements cinglants du Misogallo semblent chercher désespérément dans le génie de la nation française la justification de cette faillite. Le refus de la Révolution française qui constitue le fil unitaire de l’ouvrage n’implique pas forcément le refus de son libertarisme. Pour Alfieri, le meilleur modèle politique demeurait la république, un régime constitutionnel fondé sur les libertés civiques et la défense de la propriété et inspiré de la monarchie anglaise.
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