L’histoire de l’université de Strasbourg est intimement et étroitement liée à celle de la ville et de la région. En particulier, son évolution et la création des établissements scolaires, universitaires par la suite, s’étalent tout au long la période moderne, en suivant les transformations politiques, administratives et religieuses de cette ville libre de l’Empire, et le développement de son réseau urbain, parfois même en le provoquant, au moins selon trois moments. Le premier correspond à l’ouverture des écoles des mendiants et au renforcement des écoles canonicales auprès les chapitres majeurs. Cet effort était le fruit de l’intérêt timide de l’Eglise pour la formation des clercs qui visait à donner aussi une réponse initiale à la demande d’instruction des fils du patriciat. Dans un deuxième moment, pendant le XVIe siècle, le courant humaniste et le renouvèlement religieux contribuent à envisager une nouvelle organisation de l’éducation supérieure strasbourgeoise. L’adoption de la Réforme accélère l’investissement dans la formation des jeunes générations en provoquant la transformation de l’insula dominicana, pivotée autour le couvent des Frères prêcheurs de Saint- Barthélemy, en gymnase protestant : c’est le début d’un mouvement de « colonisation culturelle » des espaces qui gagne d’abord le centre-ville et, en suite, à imitation de l’effet centrifuge propre à d’autres villes universitaires d’ancien fondation, conquiert les quartiers avec les habitations des étudiants nobles et les pensionnats. Ecole latine et gymnase en 1538, académie en 1566 et université en 1621 : le projet de Jacques et de Jean Sturm, après des hauts et des bas, aboutisse à créer un pôle éducatif qui, dans le réseau citadin, compensait celui de la cathédrale, qui représente la victoire du luthéranisme et le pôle religieux urbain le plus prestigieux. Enfin on assiste au troisième moment, la phase de l’adaptation, qui, à la fin du XVIIe siècle, amène aussi à celle du renouveau et de la construction de bâtiments spécifiques à vocation pédagogique. Il suffit de penser au collège des Jésuites, au séminaire et à l’université épiscopale, des bâtiments qui, à partir du Bruderhof (maison du chapitre) élargissent l’insula cathedralis. Cette église, rendue au culte catholique après la conquête française, constitue non seulement le symbole d’une revanche confessionnelle, mais aussi la référence du pôle éducatif catholique, second dans la ville, désormais en concurrence avec celui protestant. Le rêve médiéval d’un Strasbourg universitaire prit définitivement corps.

Strasbourg universitaire. Ville et institutions académiques à l'époque moderne

Negruzzo
2018-01-01

Abstract

L’histoire de l’université de Strasbourg est intimement et étroitement liée à celle de la ville et de la région. En particulier, son évolution et la création des établissements scolaires, universitaires par la suite, s’étalent tout au long la période moderne, en suivant les transformations politiques, administratives et religieuses de cette ville libre de l’Empire, et le développement de son réseau urbain, parfois même en le provoquant, au moins selon trois moments. Le premier correspond à l’ouverture des écoles des mendiants et au renforcement des écoles canonicales auprès les chapitres majeurs. Cet effort était le fruit de l’intérêt timide de l’Eglise pour la formation des clercs qui visait à donner aussi une réponse initiale à la demande d’instruction des fils du patriciat. Dans un deuxième moment, pendant le XVIe siècle, le courant humaniste et le renouvèlement religieux contribuent à envisager une nouvelle organisation de l’éducation supérieure strasbourgeoise. L’adoption de la Réforme accélère l’investissement dans la formation des jeunes générations en provoquant la transformation de l’insula dominicana, pivotée autour le couvent des Frères prêcheurs de Saint- Barthélemy, en gymnase protestant : c’est le début d’un mouvement de « colonisation culturelle » des espaces qui gagne d’abord le centre-ville et, en suite, à imitation de l’effet centrifuge propre à d’autres villes universitaires d’ancien fondation, conquiert les quartiers avec les habitations des étudiants nobles et les pensionnats. Ecole latine et gymnase en 1538, académie en 1566 et université en 1621 : le projet de Jacques et de Jean Sturm, après des hauts et des bas, aboutisse à créer un pôle éducatif qui, dans le réseau citadin, compensait celui de la cathédrale, qui représente la victoire du luthéranisme et le pôle religieux urbain le plus prestigieux. Enfin on assiste au troisième moment, la phase de l’adaptation, qui, à la fin du XVIIe siècle, amène aussi à celle du renouveau et de la construction de bâtiments spécifiques à vocation pédagogique. Il suffit de penser au collège des Jésuites, au séminaire et à l’université épiscopale, des bâtiments qui, à partir du Bruderhof (maison du chapitre) élargissent l’insula cathedralis. Cette église, rendue au culte catholique après la conquête française, constitue non seulement le symbole d’une revanche confessionnelle, mais aussi la référence du pôle éducatif catholique, second dans la ville, désormais en concurrence avec celui protestant. Le rêve médiéval d’un Strasbourg universitaire prit définitivement corps.
2018
9782753574380
File in questo prodotto:
Non ci sono file associati a questo prodotto.

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11571/1502962
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact