Les passages où l’auctoritas est attribuée aux juristes sont au nombre d’une trentaine dans les sources latines, à partir de Cicéron. Dans la plupart des passages concernés, l’auctoritas des juristes n’est qu’un cas particulier qui s’inscrit dans une théorie rhétorique de l’auctoritas (une théorie d’origine gréco-hellénistique ensuite transposée en latin), qui lui confère un sens assez précis. Cette théorie nous permet de saisir le point de vue des Anciens, sans nous rallier à l’une des nombreuses théories modernes sur la notion d’autorité. L’exposé propose une esquisse de cette théorie rhétorique, en distinguant le versant externe (extra-systémique) de l’auctoritas des juristes (c’est-à-dire dans le procès, où elle désigne la capacité de leurs réponses à persuader le juge) par rapport au versant intra-systémique (dans le dialogue entre les juristes eux-mêmes) et en séparant également la dimension individuelle de l’auctoritas (du juriste particulier) de sa dimension collective (des juristes en tant qu’ensemble). Cette démarche semble souhaitable afin de ne pas surinterpréter du point de vue idéologique l’auctoritas des juristes et aussi de mieux expliquer les multiples facettes de l’argument ex auctoritate (qui n’est qu’un aspect de cette thématisation rhétorique de l’autorité).
L'auctoritas des juristes romains mise en cause. Esquisse d'une théorie rhétorique
Dario Giuseppe Mantovani
2020-01-01
Abstract
Les passages où l’auctoritas est attribuée aux juristes sont au nombre d’une trentaine dans les sources latines, à partir de Cicéron. Dans la plupart des passages concernés, l’auctoritas des juristes n’est qu’un cas particulier qui s’inscrit dans une théorie rhétorique de l’auctoritas (une théorie d’origine gréco-hellénistique ensuite transposée en latin), qui lui confère un sens assez précis. Cette théorie nous permet de saisir le point de vue des Anciens, sans nous rallier à l’une des nombreuses théories modernes sur la notion d’autorité. L’exposé propose une esquisse de cette théorie rhétorique, en distinguant le versant externe (extra-systémique) de l’auctoritas des juristes (c’est-à-dire dans le procès, où elle désigne la capacité de leurs réponses à persuader le juge) par rapport au versant intra-systémique (dans le dialogue entre les juristes eux-mêmes) et en séparant également la dimension individuelle de l’auctoritas (du juriste particulier) de sa dimension collective (des juristes en tant qu’ensemble). Cette démarche semble souhaitable afin de ne pas surinterpréter du point de vue idéologique l’auctoritas des juristes et aussi de mieux expliquer les multiples facettes de l’argument ex auctoritate (qui n’est qu’un aspect de cette thématisation rhétorique de l’autorité).I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.