En dépit de leurs nombreuses divergences, Husserl et Heidegger se rejoignent dans leur critique de l’anthropologie. Pour le premier, elle est essentiellement «anthropologisme», soit une forme dérivée de psychologisme, incompatible avec la phénoménologie. Pour le second, elle souffre d’une «indétermination fondamentale» liée à sa méconnaissance de la différence ontologique, qui la pousse à considérer l’homme comme une chose parmi d’autres. Ce n’est donc pas sans raison que Blumenberg a pu parler d’un «interdit anthropologique» chez les pères fondateurs de la phénoménologie. Et pourtant, cette représentation schématique du rapport de la phénoménologie à l’anthropologie masque d’étranges contradictions et laisse en suspens nombre de questions. Celles-ci font l’objet du présent volume. Les études regroupées ici reconstruisent et discutent ainsi «l’idée d’une anthropologie phénoménologique» dans et autour de la philosophie allemande du XXe siècle. Si elles s’emploient en priorité à dissiper un certain nombre d’ambiguïtés et à faire émerger une tendance forte quoique minorée au sein de la philosophie phénoménologique et de son histoire, elles permettront aussi d’éclairer d’un nouveau jour – et peut-être de relativiser – le retour spectaculaire de la quaestio de homine au cœur de la phénoménologie la plus contemporaine.
La possibilité et le péril de l’anthropologie selon Foucault, entre psychologie et phénoménologie. Les archives des années 1950”, in Sylvain Camilleri, Guillaume Fagniez (dir.), L’idée d’une anthropologie phénoménologique. Perspectives germaniques, Leuven, Peeters
Elisabetta Basso
2024-01-01
Abstract
En dépit de leurs nombreuses divergences, Husserl et Heidegger se rejoignent dans leur critique de l’anthropologie. Pour le premier, elle est essentiellement «anthropologisme», soit une forme dérivée de psychologisme, incompatible avec la phénoménologie. Pour le second, elle souffre d’une «indétermination fondamentale» liée à sa méconnaissance de la différence ontologique, qui la pousse à considérer l’homme comme une chose parmi d’autres. Ce n’est donc pas sans raison que Blumenberg a pu parler d’un «interdit anthropologique» chez les pères fondateurs de la phénoménologie. Et pourtant, cette représentation schématique du rapport de la phénoménologie à l’anthropologie masque d’étranges contradictions et laisse en suspens nombre de questions. Celles-ci font l’objet du présent volume. Les études regroupées ici reconstruisent et discutent ainsi «l’idée d’une anthropologie phénoménologique» dans et autour de la philosophie allemande du XXe siècle. Si elles s’emploient en priorité à dissiper un certain nombre d’ambiguïtés et à faire émerger une tendance forte quoique minorée au sein de la philosophie phénoménologique et de son histoire, elles permettront aussi d’éclairer d’un nouveau jour – et peut-être de relativiser – le retour spectaculaire de la quaestio de homine au cœur de la phénoménologie la plus contemporaine.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.
