Les passions, la mystique, la prière. Affectivité et dévotion dans la pensée de Jean Gerson.

L'article analyse le rôle joué par les passions dans la mystique et dans la prière à l’intérieur des œuvres de Jean Gerson. En lisant la Theologia mystica speculativa et la Theologia mystica practica en parallèle avec le Tractatus de passionibus animae on s’aperçoit de la complexité de la théorie gersonienne de l’affectivité, divisée en trois niveaux des passions animales, intellectuelles et spirituelles. Ces dernières passions jouent un rôle fondamental dans les différentes phases de la voie mystique, jusqu’au sommet de l'excessus mentis. Même dans la prière l’affectivité s’avère une dimension fondamentale dans la mesure où la prière se compose d’affects, comme il le dit très clairement dans l’un de ses premiers écrits, la Mendicité spirituelle. L'identification de la prière avec les affects implique une réflexion sur la valeur de la prière vocale qui amène Gerson à théoriser la possibilité d'un chant du cœur, dont il parle dans quelques unes des ses dernières œuvres latines et vernaculaires (De canticordo, Canticordum au pelerin, Collectorium super Magnificat) dressant les lignes d'un véritable art de la communication affective avec Dieu.